Manifeste de l'association "agir ensemble à Lanslevillard" sur le PLU
POURQUOI ?
Nous souhaitons que LANSLEVILLARD :
- conserve tout son attrait,
- reste à l'échelle humaine,
-
garde toutes les qualités qui ont jusqu'à maintenant assuré sa renommée
(environnement, chaleur humaine, station familiale de ski et non pas
usine à touristes, ...),
- construise des bâtiments aux dimensions plus modestes, intégrés dans le paysage, respectant les riverains.
POUR QUI ?
- Pour tous les résidents, permanents ou temporaires, qui ont choisi LANSLEVILLARD.
COMMENT ?
- En dialoguant et se concertant.
AVEC QUI ?
- Avec tous ceux qui souhaitent que LANSLEVILLARD
connaisse un développement harmonieux, qui apporte plus d'avantages que
d'inconvénients, notamment aux résidents permanents, aux agriculteurs,
aux commerçants, aux résidents secondaires qui y séjournent depuis plus
de 40 ans pour certains d'entre eux, et aux personnes qui y reviennent
régulièrement.
- Avec la commission d'urbanisme de la commune.
-
Avec Madame le Maire et le Conseil Municipal, qui devront bien
évidemment prendre des décisions privilégiant l'intérêt de tous les
habitants plutôt que celui des promoteurs.
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Le Projet d'Aménagement et de Développement Durable (PADD) du futur Plan Local d'Urbanisme
(PLU), actuellement préparé par la Commission en charge de son
élaboration, a été débattu lors du Conseil Municipal du 18 septembre
dernier. Les deux premiers objectifs de ce PADD, tels qu'on les lit dans
le compte-rendu de ce Conseil, sont :
1. Dynamiser l'attractivité touristique de la station,
2. Préserver un cadre de vie exceptionnel.
Le
premier objectif se décline essentiellement en " poursuivre
l'amélioration du produit ski alpin par la possibilité d'étendre le
domaine skiable au secteur de l'Arcelle ", et " intégrer les besoins en
nouveaux équipements (complément de l'offre d'hébergement...)".
Ce
complément pour assurer la " nécessaire fréquentation " est estimé
aujourd'hui à 1000 à 1200 lits. C'est pour cette raison que le projet de
PLU comporte la transformation de zones agricoles, aujourd'hui non
constructibles, en zones urbanisées constructibles sur lesquelles
seraient bâties de nouvelles Résidences de Tourisme.
Dit
autrement, et entendu en mairie: il faut vendre davantage de forfaits,
et donc créer de nouveaux lits touristiques, en raison du trop grand
nombre de " lits froids ".
Nous y voilà ! On aurait pu espérer
qu'avec le quasi achèvement de la continuité immobilière en bordure de
la route entre LANSLEBOURG et LANSLEVILLARD, on allait s'arrêter là,
après plus de 5000 nouveaux lits construits en 10 ans dans la station.
Pour quel résultat ?
Des
milliers de lits en résidences touristiques qui sont plus froids que
ceux de bien des résidences secondaires, et qui ne trouvent locataires
en dehors des périodes de " surchauffe hivernale " que grâce à des prix
bradés, sur lesquels les Villarins loueurs de leurs appartements et
gîtes ne peuvent s'aligner.
Étendre le domaine skiable, puis
construire de nouveaux lits pour faire fonctionner les remontées - ou
l'inverse d'ailleurs-, c'est décidément toujours la même spirale
infernale dont n'arrivent pas à sortir nombre de stations, impuissantes à
trouver et mettre en œuvre, pour pérenniser leur existence, d'autres
méthodes plus douces, pour la montagne, pour ceux qui l'habitent et pour
ceux qui la visitent!
Croire que ces mécanismes vont permettre d'assurer l'avenir de Lanslevillard et de ses habitants, c'est au mieux se leurrer.
Chacun sait en effet :
-
que le marché de l'or blanc est arrivé à maturité depuis de nombreuses
années. Et comme tout produit commercial, après avoir traversé sa phase
de maturité, il stagne, et même régresse régulièrement depuis 2006 en
termes de fréquentation dans les hébergements marchands.
C'est
pourquoi nous devons impérativement trouver et développer des voies pour
sortir du " tout ski alpin ", même si à l'évidence cela est plus facile
à dire qu'à faire.
- qu'en pariant aujourd'hui sur une croissance
potentielle de la fréquentation si l'offre s'étoffe, on se trompe
dangereusement, car:
? la crise qui frappe l'Europe n'est sans doute pas près de se résorber,
?
une partie de la " nouvelle clientèle " (celle des pays de l'Est)
trouve maintenant chez elle la même chose qu'ici beaucoup moins cher,
?
si de nouveaux mécanismes de défiscalisation vont prendre le relai de
ceux qui ont permis la réalisation des programmes récents, ils seront
beaucoup moins attractifs pour les investisseurs, qui, de ce fait, vont
s'empresser encore moins qu'actuellement.
Une saine
gestion commande d'atteindre l'équilibre économique sans augmenter la
capacité d'accueil, et de renoncer à la construction de toute nouvelle
résidence touristique.
Parallèlement, qu'apporterait l'extension du domaine skiable ? Rien de positif assurément.
-
Il faut d'abord noter que, si la vente de forfaits de ski n'a pas suivi
la progression espérée, c'est déjà tout simplement une illustration de
cette décroissance du " tout ski alpin ".
De plus en
plus d'hivernants se tournent aujourd'hui vers d'autres pratiques:
promenades piétonnes ou en raquettes, ski de fond, ski de randonnée,
.... Et cette tendance ne semble pas devoir s'inverser. Ces touristes
n'ont que faire d'une extension des remontées mécaniques et du domaine
skiable, sauf si elle leur permet d'étendre leur domaine d'activité.
-
Alors que l'équipement de la combe de Cléry, deuxième phase prévue de
la liaison TERMIGNON-VAL-CENIS, n'est pas encore lancée, voilà que
LANSLEVILLARD souhaite se doter dans le secteur de l'Arcelle d'un
domaine " technique " " d'altitude ". Un domaine skiable qui atteint
3000 mètres, ça, c'est vendeur en termes de marketing !
Mais
a-t-on bien considéré les difficultés et les limites d'exploitation d'un
tel secteur? Combien d' " usines à ski " se voient obligées, conditions
climatiques obligent, de réduire les périodes d'ouverture de leurs
domaines d'altitude ?
Et, a-t-on mesuré l'impact sur la forêt, en partie inférieure, pour assurer le retour sur la station, depuis ce secteur?
A-t-on
besoin d'un nouveau secteur " technique ", alors que, depuis des
années, en cohérence avec la vocation " familiale " de la station, on
s'est évertué à fermer, ou ne plus baliser ni entretenir, nombre de ces
secteurs qui existaient dans la partie intermédiaire du domaine?
Si
ce n'est pas l'objet de cette tribune de porter un regard critique sur
l'évolution du domaine skiable, on peut néanmoins s'inquiéter d'une
telle absence de cohérence entre les plans annoncés sur le secteur de
l'Arcelle et la réalité de ce qui s'est passé ces dix dernières années.
En
conclusion de ce premier point, n'oublions pas que la dimension "
raisonnable " du domaine skiable est un des attraits forts de la station
auprès de sa clientèle.
Venons-en maintenant au deuxième
objectif du PADD : " Préserver un cadre de vie exceptionnel ", et
notamment " préserver les espaces naturels et paysagers remarquables ".
Oui,
le cadre de vie à Lanslevillard est resté exceptionnel, malgré des
atteintes, heureusement limitées, durant ces vingt dernières années. Il
est aujourd'hui sévèrement menacé par ce projet d'urbanisme !
Chacun
sait que ce cadre exceptionnel est pour beaucoup dans l'attractivité du
village et de la station auprès des touristes et résidents secondaires,
qui viennent chercher ici l'hiver ce qu'ils ne veulent pas, ou plus,
voir dans les " usines à ski " voisines. La réputation de la station ne
s'est pas construite sur la capacité des remontées mécaniques ou le
nombre de kilomètres de pistes ; à nombre de lits égal, on trouve
d'ailleurs nettement plus performant ailleurs.
Et
l'été, qui peut apprécier de séjourner dans des villages-fantômes,
remplis de ces fameux lits froids des résidences de tourisme évoqués
plus haut? Un millier de lits supplémentaires à LANSLEVILLARD, ce seront
à coup sûr autant de nouveaux lits vides l'été. Il suffit pour s'en
convaincre d'examiner le taux de remplissage estival des résidences.
Sinistre perspective!
La préservation et la
valorisation du cachet et du patrimoine architectural du village peuvent
se faire à travers la réhabilitation et la requalification de l'habitat
existant. Si nécessaire, des lits supplémentaires sont disponibles dans
celui-ci, pour peu qu'on le rende plus attractif. On aidera du même
coup les Villarins à reconquérir le marché de la location de leurs
appartements et gîtes, activité taillée en pièces par la concurrence
impitoyable des résidences touristiques.
Le cadre de vie exceptionnel, c'est aussi un patrimoine paysager, naturel ou façonné par l'homme, qu'il faut préserver.
Le
photomontage en tête de cette tribune préfigure ce que pourrait devenir
le point de vue depuis le Rocher, à l'entrée de la chapelle Saint
Sébastien, joyau du patrimoine culturel de Lanslevillard et ouvrage
classé aux Monuments Historiques. A ce titre, ce site bénéficie, en
théorie, d'une protection particulière dans un rayon de 500 mètres, dit
de " co-visibilité ".
La chapelle Saint Pierre, que l'on distingue
dans le cercle rouge en haut à droite de la photo, est à moins de 400
mètres : elle marque l'extrémité droite d'une des zones d'implantation
envisagée pour les résidences touristiques, qui doit s'étendre vers la
gauche sur le talus qui supporte les pylônes du télésiège de la Colomba,
puis le long du chemin du Petit Bonheur jusqu'au carrefour du Calvaire,
toujours à moins de 500 mètres de la chapelle Saint Sébastien.
Quant
à ce chemin du Petit Bonheur, avec ses prairies de fauche et pâturages
de saisons intermédiaires, avec ses jardins potagers, il constitue un
autre joyau du patrimoine paysager de Lanslevillard à protéger: son
départ en haut du village fait l'hiver le bonheur de ces touristes " non
skieurs alpins " cités plus haut ; il constitue l'été le point
principal de liaison avec le village des promeneurs et des cyclistes.
Alors,
un paysage de plus massacré? Au moins les dernières résidences qui ont
achevé la continuité immobilière entre LANSLEBOURG et LANSLEVILLARD
n'ont-elles pas été construites dans les hauteurs, mais en bordure de la
route, avec l'Arc pour seul riverain!
Non moins grave :
laisser construire sur la butte et en bordure du chemin du Petit
Bonheur, c'est aussi supprimer de nouvelles terres agricoles de fond de
vallée, qui sont pourtant des terrains favorisant l'activité agricole de
par leur localisation à proximité du village.
En conclusion
C'est une illusion de croire qu'on assurera
l'avenir du village en détruisant ce qui fait, et fera encore demain,
son charme et son attrait : préservation du caractère authentique,
préservation des espaces naturels et agricoles et des paysages,
protection du patrimoine architectural. Ce sont des atouts fondamentaux ;
leur mutilation ruinerait les efforts pour améliorer la qualité de
l'accueil de la clientèle estivale, véritable enjeu du développement
touristique du village.
Sur le plan économique, l'opération
touristique projetée dans le cadre du PLU, extension du domaine skiable
et construction de nouvelles résidences touristiques, est un miroir aux
alouettes. Les seuls bénéficiaires en seront les constructeurs de ces
fameuses résidences ; les Villarins n'ont rien à en attendre pour la
pérennisation du village.
En revanche, si elle se réalisait, le
risque est grand de voir se détourner une clientèle lassée de voir
saccagées les valeurs qui ont contribué à sa fidélisation, parfois
depuis la naissance de la station. Des familles qui y sont venues avec
leurs enfants, puis bien souvent ensuite leurs petits-enfants, noyau de
cette clientèle jeune, actuelle et future, dont on nous dit aujourd'hui
qu'il faut la reconquérir. Ne commettons pas l'erreur de faire fuir
cette clientèle fidélisée !
Manifestez votre opposition à ce projet, avant que le PLU ne soit arrêté lors d'un prochain Conseil Municipal.
En
effet, on entrera ensuite dans une nouvelle phase. L'expérience montre
que les avis, opposables ou non, des partenaires institutionnels qui
seront alors consultés (les " personnes publiques associées ")
conduisent rarement à une remise en cause de la forme, et encore moins
du fond, de la décision initiale. Certes, le public sera ensuite
consulté par voie d'enquête, mais il n'en résulte qu'exceptionnellement
des modifications significatives du projet arrêté. C'est maintenant
qu'il faut agir.
Exprimez-vous :
*
pour que Lanslevillard et la station de Val Cenis sortent de cette logique suicidaire du " tout ski alpin ",
contre l'extension du domaine skiable,
*
pour le respect de l'authenticité du village, la requalification et la réhabilitation de l'habitat existant,
contre la construction de nouvelles résidences de tourisme,
*
pour
que l'imagination, les efforts et les moyens se mettent au service du
développement du tourisme hors saison d'hiver, qui est le véritable
défi à relever pour l'avenir,
*
pour que soit préservé le patrimoine naturel, agricole, paysager, architectural et culturel qui constitue la richesse du village,
*
pour le maintien d'une agriculture en fond de vallée.